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L'eau comme ressource minérale stratégique pour le Québec : caractéristiques, enjeux, risques et perspectives

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Stapinsky, Martin (2009). L'eau comme ressource minérale stratégique pour le Québec : caractéristiques, enjeux, risques et perspectives. Mémoire. École nationale d'administration publique, 114 p.

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Résumé

En contexte de mondialisation des échanges, la compétition devient très intense entre les pays. Il devient alors plus difficile pour les industries nationales d'être concurrentielles dans des secteurs où jadis elles excellaient. Parmi les avantages stratégiques que les pays peuvent posséder pour favoriser leur développement économique, mentionnons la présence sur leur territoire d'abondantes ressources naturelles ou de ressources très rares et convoitées. Les ressources en eau sont des ressources naturelles que l'on retrouve en abondance sur le territoire du Québec. Le présent travail tente de vérifier l'hypothèse voulant que celles-ci constituent bel et bien des ressources minérales stratégiques permettant de donner au Québec un avantage commercial, et il examine les façons d'utiliser ces ressources pour favoriser le développement des régions tout en assurant leur préservation pour les générations futures.

Une approche méthodologique documentaire a été privilégiée dans le cadre de ce projet de recherche puisque de nombreuses études sur des domaines et des problématiques associés aux ressources naturelles en générale et à l'eau sont disponibles. Ces études ont donc été synthétisées et analysées avant d'être intégrées dans notre démarche en tenant compte de la réalité québécoise et du cas spécifique de l'eau dans le commerce international. Les ressources en eau ont aussi été examinées dans le cadre de ce projet dans la perspective particulière qu'elles constituent une matière première disponible pour la vente directe et/ou l'approvisionnement des industries du Québec. La méthodologie adoptée se rapproche donc de celles typiquement utilisées dans l'analyse économique et politique des ressources naturelles minérales.

Le premier aspect examiné dans le cadre de ce projet a été la situation des ressources naturelles et les caractéristiques typiques des filières de l'industrie minérale et de l'eau. Ensuite, on s'est intéressé à la disponibilité mondiale des ressources en eau, et en particulier au Canada et au Québec, ainsi qu'à leur statut et leur utilisation dans l'économie à partir des nombreuses données produites par les organismes internationaux et nationaux. De nombreuses données ont aussi été puisées à même la littérature sur l'eau virtuelle, c'est-à-dire, l'eau qui est utilisée à la production de biens agricoles et industriels ou de services. Ceci a permis d'établir une liste d'industries hydrovores potentielles, soit les industries qui demandent beaucoup d'eau pour la production d'une unité du bien. L'importance de l'eau dans l'économie du Québec a été examinée de façon indirecte en identifiant les secteurs industriels susceptibles d'inclure des industries hydrovores.

Le potentiel de développement des ressources en eau pour le Québec a été évalué dans la perspective du commerce international. Les avantages comparatifs du Québec ont été déterminés à partir de l'information disponible afin de vérifier s'ils constituent réellement des avantages concurrentiels. La place des ressources minérales et de l'eau dans les accords commerciaux régionaux a aussi été examinée, puisque l'exportation de l'eau est une activité à caractère international. Le caractère stratégique de l'eau pour l'économie du Québec a également été étudié en comparant la situation des autres ressources minérales dites stratégiques, ce qui a permis d'en faire ressortir les caractéristiques propres à ce concept. Finalement, à la lumière de l'information recueillie et analysée, les perspectives de développement des ressources en eau pour l'économie du Québec ont été présentées et discutés avec les principaux enjeux et risques qui y sont rattachés et les différentes façons d'en faire la promotion.

Ainsi, il appert que dans un contexte de changements climatiques, d'augmentation démographique et de croissance économique, les pressions sur les ressources en eau deviendront plus grandes pour de nombreuses nations dans un futur rapproché. Contrairement à d'autres pays, il semble que selon le scénario le plus probable, le Québec bénéficierait dans le futur d'une pluviométrie plus élevée dans sa partie nord. Par contre, dans la partie sud plus habitée et où sont déjà bien utilisées les ressources en eau, il y aurait un climat plus doux avec l'apparition plus fréquente de phénomènes climatiques extrêmes pouvant produire de façon épisodique de larges volumes d'eau excédentaires. Ainsi, que ce soit dû à une plus grande disponibilité d'eau dans les régions plus au nord ou par une gestion plus efficace des ressources du sud, il demeure que les ressources en eau du Québec, qui possède entre 2 et 3% des ressources mondiales en eau renouvelable, seront en quantité substantielle pour plusieurs décennies à venir. Il est donc souhaitable de vouloir les développer davantage pour le bénéfice des Québécoises et Québécois, notamment avec la présence d'un vaste marché potentiel à proximité, les États-Unis où la demande en eau est forte et qui pourrait être sujet à davantage de restrictions d'usage dans un futur rapproché.

Quelques approches intéressantes pour le développement commercial des ressources en eau ont pu être identifiées. D'abord, malgré que le commerce de l'eau en vrac semble démontrer un avenir limité à court terme, en plus d'être socialement difficile à justifier, il représente tout de même une option à une échelle plus régionale. En effet, sur de petites distances, le transfert d'eau en vrac est déjà pratiqué au Canada et au Québec. La présence de disparités régionales dans les ressources en eau et de pénuries locales, au Québec même, constituent un cadre potentiellement intéressant pour développer les transferts d'eau à échelle plus réduite, et possiblement plus rentable. Rappelons que la rentabilité des transferts massifs d'eau est intimement liée aux coûts de transport versus les coûts de traitement d'eau de moins bonne qualité sur place par les clients potentiels. Ces conditions pourraient donc engendrer la création d'un marché local ou régional des ressources en eau (bourse de l'eau), qui permettrait le développement d'une expertise dans ce domaine et favoriserait aussi une meilleure gestion suite à l'augmentation des connaissances sur l'état des ressources.

Il semble que le commerce de l'eau virtuelle présente plus de possibilités intéressantes à court et moyen terme. La présence d'abondantes ressources en eau, de bonne qualité et faiblement exploitées, pourrait favoriser le développement ou l'établissement de nouvelles industries hydrovores, notamment les industries de transformation des métaux, celles des pâtes et papiers, des produits de pointe (matériaux composites, semi-conducteurs, produits pharmaceutique, etc.), l'industrie pétrochimique, les industries agroalimentaires (bière, piscicultures, élevage, etc.). Dans d'autres pays, ces industries pourraient se retrouver à risque dans une situation de pénurie des ressources en eau ou de limitations d'utilisation. Il s'agirait donc d'essayer d'attirer ces industries hydrovores au Québec en faisant la promotion d'un cadre compétitif pour la production de produits destinés à l'exportation. D'autres débouchés ont aussi été identifiés et devraient également faire preuve d'une attention particulière (eaux embouteillées; investissements dans des infrastructures; développement de technologies de conservation, traitement et recyclage de l'eau; etc.).

Ainsi, puisqu'il semble que le Québec possède un avantage par rapport à d'autres pays, il est justifié de vouloir développer le potentiel d'exportation de la ressource en eau ou de ses produits dérivés. En ce sens, il apparaît nécessaire au gouvernement du Québec d'implanter une politique stratégique économique d'attrait pour les industries ciblées. Quelques orientations de politiques économiques ont été identifiées pour le Québec et consistent en la mise en place par le gouvernement de: 1) une veille prospective afin d'identifier les besoins futurs réels et les opportunités pour mieux positionner les industries locales car les opportunités dans le commerce de l'eau découlant des changements climatiques ne seront évidentes que dans quelques années; 2) des mesures pour favoriser l'implantation d'industries hydrovores; 3) l'établissement d'un marché interne de l'eau basé sur les variations géographiques des besoins et des ressources en eau au Québec, avec des crédits ou en fixant un prix, pour inciter villes et industries à développer des mesures de conservation et de mise en valeur et vendre leurs surplus aux autres villes, régions ou industries qui ont des pressions sur leur ressources. En plus d'être socialement plus acceptable et de représenter une source potentielle d'enrichissement collectif, ces orientations présentent un intérêt général pour le Québec en favorisant une meilleure connaissance de la situation réelle des ressources en eau ainsi qu'une meilleure gestion.

Type de document: Thèse (Mémoire)
Notes publiques: Par Martin Stapinsky ; [sous la direction du professeur Emmanuel Nyahoho] Comprend des références bibliographiques. Publié aussi en version imprimée. Titre de l'écran-titre (visionné le 20 janvier 2016)
Mots-clés: Eau; transport; Canada; Québec; exploitation; ressources en eau; commerce international;
Déposé par: Mme Maureen Bannon
Date de dépôt: 05 févr. 2016 17:35
Dernière modification: 10 mars 2016 22:28
URI: https://espace.enap.ca/id/eprint/93

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